Recruté à l’intersaison par le Dojo nantais, Evan Baune, jeune judoka de 17 ans, impressionne par sa stature et sa maturité. Il participera, avec son club, aux championnats de France du 12 au 14 novembre, à Perpignan.
Sur les tatamis du Dojo du Croissant, où s’entraîne la crème des judokas des Pays de la Loire, ils sont une trentaine ce soir-là, enchaînant les randoris à un rythme soutenu. Au milieu de cette masse compacte où valsent les kimonos blancs au gré des enchaînements et des chutes, surplombe un combattant aux mensurations généreuses. Près d’1m 90 sous la toise, 93 kg, Evan Baune, 17 ans, détonne et impressionne. « Et encore, normalement je concours dans la catégorie des – 90 kg, mais c’est vrai que parfois, je suis bien potelé, plaisante-t-il. Il faut dire que je suis assez gourmand dans la vie. »
Au-delà des petits écarts nutritionnels, la seule et vraie gourmandise qui prédomine chez ce jeune combattant, c’est celle des titres. Qu’on en juge : champion de France chez les cadets en mai dernier, puis 3e en Coupe d’Europe dans la foulée, en Croatie. S’ensuivront l’été dernier une convocation en équipe de France et une première participation aux championnats d’Europe, en Lettonie, où il perd de justesse aux points dès le premier tour. « Je l’avais mauvaise, explique-t-il rétrospectivement de sa diction gouailleuse. Perdre de cette façon-là, ce n’est pas possible, ça laisse un goût amer. »
Vélocité et agilité
Arrivé il y a deux ans au Pôle espoir régional, celui qui est alors licencié au Judo club castelorien de Château-sur-Loire (Sarthe) surprend déjà par sa puissance et sa précocité technique. « C’est un jeune à la physionomie remarquable, juge Joris Guillot-Rosselot, responsable du pôle et grande figure du Dojo nantais. Il est grand, puissant et en même temps très véloce et agile dans ses enchaînements. On l’a vu dès son arrivée qu’il avait quelque chose. De toute manière, quand vous faites plus d’1m 80 à 14 ans, ça ne trompe pas. »
Arnaud Gendre, responsable technique du Dojo nantais, ne s’y est pas trompé non plus, en recrutant Evan Baune l’été dernier, pour renforcer son équipe de première division, qui s’apprête à concourir, du 12 au 14 novembre, à Perpignan, aux championnats de France. « Evan, il a cette qualité qui est d’y croire, quel que soit l’adversaire. Il a encore des progrès à faire mais il a un énorme potentiel », tranche Arnaud Gendre.
Trajectoire rectiligne
À la question toute journalistique du « pourquoi le judo ? », l’intéressé raconte l’histoire d’un hasard somme toute classique : celle de parents qui cherchent pour leur petit de 4 ans, jugé par trop « turbulent », un sport où se « défouler » et canaliser cette énergie débordante. « Le judo, ça m’a tout de suite plu, donc je suis resté. » Le reste est affaire de trajectoire rectiligne : premières compétitions à 7 ans, premiers résultats flatteurs à 11 ans, le pôle régional des espoirs à 15 ans, les championnats d’Europe à 17 ans.
Et demain ? « Peut-être intégrer un Pôle France, pour continuer à progresser, rien n’est sûr », s’interroge le colosse, sur un ton camarade. Ce qui est certain en revanche, c’est que le judo n’occupera pas toute la place car « on sait très bien que peu de judokas de haut niveau vivent de leur sport ». La suite semble donc, elle aussi, toute tracée : « l’école des sous-officiers de la gendarmerie, après une licence de droit ». Une trajectoire rectiligne, comme sa stature.