Le Salut au Judo : Tout Savoir sur Cet Acte Fondamental du Judoka
- MIS A JOUR LE 02/01/2025
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Au bord du tatami, tout commence par un geste chargé de sens.
Le “salut au judo” ne se limite pas à un simple rituel. En une inclinaison, il exprime le respect envers le dojo qui abrite la pratique, le kamiza qui honore la tradition, le tatami qui soutient chaque effort, l’enseignant qui guide, et le partenaire ou l’adversaire qui permet de progresser. Mais ce geste va bien au-delà du tatami : il forge une attitude pour la vie. En cultivant respect, humilité et gratitude, le pratiquant transforme ce rituel en une boussole, orientant ses actions bien au-delà des murs du dojo.
1. Pourquoi le salut est-il essentiel dans la pratique du judo ?
Le salut, ou “rei”, est une manière de montrer le respect envers son partenaire, le dojo et le tatami. Ce geste incarne les valeurs fondamentales du judo, notamment le respect mutuel, la politesse et l’humilité. En saluant, les judokas reconnaissent l’importance de leur lieu de pratique et de leurs partenaires, établissant un cadre de confiance et de discipline.
Les Japonais ne se serrent pas la main pour se saluer, privilégiant plutôt l’absence de contact physique, principalement par souci d’hygiène. Le salut devient ainsi un geste quotidien, mais il prend une dimension plus cérémoniale dans le cadre des arts martiaux, où il symbolise respect et discipline.
2. Qu'est-ce que le "rei" dans les arts martiaux ?
Le terme “rei” signifie “salut” ou “respect” en japonais. Dans la pratique des arts martiaux, il symbolise l’engagement envers les valeurs et les traditions transmises par les maîtres. Les Japonais ne se serrent pas la main pour dire bonjour, mais préfèrent une inclinaison du corps. Dans le judo, c’est le salut qui réunit tradition et respect.
3. Quand et pourquoi saluer dans un dojo ?
Dans un dojo, le salut se fait à plusieurs moments clés :
- En entrant et en sortant du tatami : réalisé sur le bord de celui-ci, pour honorer le dojo et la surface de pratique sur laquelle le travail va s’effectuer et se préparer mentalement à respecter ses règles spécifiques.
- Au début et à la fin des cours : pour marquer le début et la fin de la séance de judo.
- Avant et après un combat ou un exercice : pour remercier son partenaire.
« Le salut est une expression de respect envers autrui… De cette façon, ils (les combattants) expriment leur état d’esprit, à savoir qu’ils ne se combattent pas seulement pour se perfectionner par la technique et la pratique du jùdô mais aussi pour se témoigner un respect mutuel ».
4. Le salut debout (ritsurei)
Le salut debout, ou ritsurei, se caractérise par plusieurs étapes précises :
- Position de départ : Se tenir debout, talons joints, corps droit et regard dirigé vers l’avant.
- Inclinaison : Incliner le haut du corps à un angle de 15 à 30° avec précision, pour exprimer respect et concentration.
- Position des mains : Les mains reposent sur la face externe des cuisses, avec une posture calme et contrôlée.
- Durée : Maintenir la position une seconde pour marquer l’intention et le respect avant de se redresser.
Ce salut est effectué au début et à la fin des combats, ainsi que lors des katas.
Traditionnellement, la position des mains diffère selon les sexes : les femmes saluent en laissant les mains glisser vers leurs genoux, alors que les hommes les maintiennent le long du corps. En judo, cependant, cette distinction est généralement abandonnée, et hommes et femmes suivent la même pratique.
- Eshaku : Un salut informel, rapide, souvent échangé entre judokas ou amis proches, avec une inclinaison légère de 15°.
- Keirei : Plus formel, il marque un respect plus profond, utilisé avec les professeurs ou pour des excuses et remerciements, avec une inclinaison de 30°.
- Saikeirei : Le salut le plus solennel, réservé aux moments importants ou cérémoniaux, avec une inclinaison de 45°, exprimant un respect absolu.
5. Le salut à genoux (zarei) : une tradition solennelle
Le zarei, ou salut à genoux, est une forme de remerciement plus formelle. Ce salut tire son origine des pratiques des guerriers japonais, où poser le genou gauche en premier permettait de garder la main dominante libre pour se défendre ou montrer qu’on était désarmé.
Pour exécuter un zarei :
- Musubi-dachi : Se tenir pieds joints, ouverts à 45°, bras alignés le long du corps, regard droit devant.
- Sans déplacer les appuis, plier les genoux pour poser d’abord le genou gauche au sol, puis le genou droit. Puis s’assoir sur ses talons, les orteils allongés.
- Se placer en position “seiza” : les deux mains sur les cuisses, épaules relâchées, coudes près du corps.
- Glisser simultanément la main gauche et la main droite au sol, suivie de l, formant un triangle devant soi.
- Incliner le buste vers l’avant, sans décoller les fesses des talons, le visage vers le centre du triangle, le regard baissé.
- Revenir en position initiale, la main droite se relevant avant la gauche.
Ce salut est souvent pratiqué avant et après les cours collectifs ou les katas. Lorsqu’on se relève, il faut commencer par le pied droit.
6. Le salut en ligne (au début et à la fin des cours)
Lors de chaque séance de judo, le salut en ligne marque le début et la fin du cours. Voici les gestes et comportements attendus :
- Seiza : Tous les pratiquants s’agenouillent simultanément sur le tatami, prenant place avec respect.
- Kiotsuke : Chacun ajuste sa posture, le dos droit, prêt à débuter la cérémonie du salut.
- Mokuso : Les yeux se ferment pour une courte méditation, permettant à l’esprit de se recentrer et de se préparer à l’entraînement.
- Mokuso yame : La méditation est terminée, les pratiquants ouvrent les yeux.
- Shomen ni rei : Le salut est dirigé vers le shomen, la place d’honneur du dojo où se trouve la photo du fondateur. Sans lui, il n’y aurait pas de judo.
- Sensei ni rei : Ensuite, les pratiquants saluent le professeur, qui leur transmet son savoir et sans qui le cours n’existerait pas.
- Otagai ni rei : Les pratiquants se saluent entre eux, reconnaissant l’importance de chaque partenaire, car sans eux, il n’y a pas de pratique.
Ce rituel renforce les valeurs de respect, de discipline et de reconnaissance mutuelle, fondamentales dans le judo. À travers ces gestes, le judo commence et se termine dans la courtoisie et l’humilité. Le respect de cette étiquette est essentiel, car sans lui, le judo perdrait sa véritable essence.
7. Le salut individuel entre judokas
Le salut n’est pas qu’un geste symbolique : il renforce le respect mutuel entre les judokas. Dès que le professeur met fin à l’exercice présenté, les deux partenaires se saluent de nouveau ; c’est une façon de remercier l’autre pour ce qu’il nous a apporté. En saluant, on reconnaît la valeur de son partenaire et l’effort qu’il consacre à l’amélioration mutuelle. C’est un élément central dans le travail au sol et debout.
Avant et après le travail en binôme, un salut individuel est réalisé pour remercier le partenaire du travail qu’il a permis de réaliser. Ce respect est primordial, notamment lors des compétitions.
8. Comment enseigner le salut aux débutants ?
Dès les premiers pas en judo, le salut est l’une des premières choses à apprendre. Pour les débutants, cela commence par une explication de sa signification, suivie d’une démonstration des différentes formes de salut : ritsurei, zarei, et salut individuel. Au fil des répétitions, ce geste devient instinctif, réalisé sans y penser. Les erreurs courantes, comme une inclinaison trop faible ou un manque de précision, sont rapidement corrigées, afin d’ancrer dès le début les bonnes habitudes.
Les katas, qui représentent des techniques codifiées, commencent et se terminent par un salut. Ce geste rappelle l’importance du respect envers la surface de travail et son partenaire. Chaque kata a une manière spécifique de saluer, qu’il est essentiel d’apprendre et de maîtriser.
9. Le Salut en Compétition : Une Marque d’Honneur
Dans le cadre des compétitions de judo, le salut est un rituel strictement codifié qui reflète les valeurs fondamentales de respect, de discipline et d’humilité propres à la discipline. Chaque geste est précis et fait partie intégrante du déroulement du combat, avant, pendant et après celui-ci.
1. Avant d’entrer sur le tatami
Avant d’accéder à l’aire de combat, chaque judoka s’assure de respecter les règles de tenue :
- Retirer tout objet métallique ou accessoire (tee-shirt, montre, bague).
- Nouer correctement sa ceinture et, le cas échéant, la ceinture de différenciation (rouge ou blanche).
Une fois prêt, le judoka enlève ses zoris (sandales), salue le tatami debout (ritsurei), puis entre avec respect dans l’aire de compétition. Il se positionne derrière la zone rouge, sans empiéter dessus, face à son adversaire.
2. Le début du combat
Au signal de l’arbitre, les deux combattants s’inclinent légèrement pour saluer la surface de compétition, puis avancent jusqu’au trait. Là, ils effectuent un salut envers leur adversaire. Ensuite, ils adoptent la position de garde (kamae) en avançant d’abord le pied gauche, puis le pied droit. Lorsque l’arbitre annonce “hajime”, le combat commence.
3. Après le combat
À la fin du combat, les judokas retournent derrière leur trait sans croiser la zone rouge et attendent que l’arbitre désigne le vainqueur. Une fois le résultat annoncé, ils reculent d’un pas (pied droit, puis pied gauche), saluent leur adversaire, puis la surface de compétition.
4. Quitter le tatami
Les judokas sortent ensuite de l’aire de combat, rejoignent le bord du tatami, saluent une dernière fois le tapis, puis remettent leurs zoris.
- Le combattant portant la ceinture rouge est toujours positionné à droite de l’arbitre (et à gauche de la table de marque).
- Chaque salut est une démonstration de respect envers le tatami, l’adversaire, et le combat lui-même.
10. Les erreurs à éviter dans le salut au judo
Certaines erreurs peuvent être perçues comme un manque de respect :
- Ne pas saluer au bon moment.
- Exécuter un salut de manière rapide ou désordonnée.
- Décoller les fesses des talons lors du zarei.
- Ignorer le regard en avant lors du ritsurei.
Ces fautes doivent être évitées pour préserver la signification profonde du salut. Un salut oublié ou bâclé est dès lors un signe de non respect.
11. Le Reishiki : la cérémonie (shiki) du salut (rei)
Le Reishiki : Ce terme fait référence à l’étiquette ou aux règles de comportement et de respect dans un dojo. Le Reishiki englobe l’ensemble des gestes, des postures et des comportements attendus dans un cadre martial, y compris les salutations. Il représente la discipline et l’esprit de respect qui doit régner lors de la pratique, que ce soit envers les autres judokas, le professeur ou le dojo lui-même. Voici les comportements essentiels attendus dans ce cadre martial :
- Le salut (Rei) : Saluer le dojo, le professeur et les partenaires au début et à la fin de l’entraînement pour marquer le respect mutuel.
- Respect de l’espace : Maintenir le dojo propre et entrer avec respect, souvent accompagné d’un salut.
- Attitude envers le professeur (Sensei) : Écouter attentivement et suivre les instructions avec humilité.
- Posture correcte : Se tenir droit et respectueux, particulièrement lors des salutations et du zarei (assis en seiza).
- Respect des partenaires : Pratiquer avec sécurité, sans mettre en danger les autres.
- Silence et concentration : Rester attentif, surtout pendant les explications et la méditation.
- Ponctualité : Arriver à l’heure pour témoigner du respect.
- Hygiène : Porter un gi propre et être soigné avant d’entrer sur le tatami.
- Discipline : Respecter les règles du dojo et maîtriser ses émotions.
Le Reishiki est essentiel pour maintenir l’harmonie, la discipline et le respect dans le dojo, créant un environnement propice à l’apprentissage et à la progression.
La prochaine fois que vous saluerez sur le tatami, gardez en tête la signification profonde de ce geste. C’est bien plus qu’une tradition, c’est un acte de respect, de confiance et de reconnaissance mutuelle.
Alexandra TAILLEUX
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